C’est le seul examen qui permet de connaître la façon dont le nerf optique fonctionne. En effet, que l’aspect de l’examen clinique du nerf optique semble normal ou pas, il n’est pas possible de savoir si l’information visuelle passe bien. « Si vous regardez une main qui a l’air normale, vous ne savez pas si elle est paralysée ou non, vous devez demander à la personne de fermer la main pour le savoir ». Le champ visuel explore la capacité du nerf à transmettre l’information visuelle.
L'analyse du champ visuel permet de déterminer l’étendue de l’espace que peut voir chaque œil.
Le glaucome détruit progressivement des paquets de fibres optiques. Dans la zone qui correspond à ce manque de fibres, le glaucomateux ne percevra pas d’image. Au début de la maladie, ces points déficitaires (scotomes) ne sont pas perçus par le patients car peu étendus et situés souvent dans des zones finalement peu utilisées (dans la région du nez). La destruction progressive du nerf optique se manifeste donc par une diminution du champ visuel, au départ périphérique, qui évolue progressivement et lentement vers les zones supérieures et inférieures du champ visuel, et enfin vers le centre. Dans le glaucome évolué le patient voit comme dans un trou de serrure, sans vision latérale. Le patient glaucomateux n’est gêné dans sa vie de tous les jours qu’à un stade très tardif de la maladie, car le cerveau compense le déficit par l’autre œil et des mécanismes de « fausses » reconstitutions.
L’examen du champ visuel est donc le seul examen qui permette de savoir si la maladie a déjà retenti sur la vision périphérique (puisque le patient n’a pas conscience des déficits). Cet examen est donc indispensable pour le diagnostic du glaucome. Une fois le diagnostic établi, il permet de définir le stade de la maladie et ensuite, au fil du temps de savoir si le glaucome est stabilisé ou évolutif.
Malheureusement cet examen n’est pas facile à réaliser et demande une attention importante de la part du patient. Il est toujours difficile de se rendre compte si le champ visuel est « réussi ». On ne juge pas de l’évolution du glaucome sur un seul examen. Si le patient est fatigué, l’examen peut être légèrement faussé, les réponses sont incohérentes, et l’examen sera refait plus tard. Le champ visuel doit donc être interprété avec l’ensemble des autres examens.
déroulement de l'examen
d'un champ visuel
Le but est de tester l’intégralité des fibres visuelles qui composent le nerf optique. Elles s’étalent sur toute la surface interne de l’œil.
Des points lumineux sont présentés sur écran alors que le patient se tient assis, la tête fixe. Il est nécessaire pendant tout le déroulement de l’examen de fixer sur le fond de l’écran au centre, un repère lumineux fixe.
Des points apparaissent successivement à différents endroits de la coupole, parfois au centre parfois sur les côtés. Ils sont de tailles et d’intensités lumineuses variables.
Le patient signale qu’il perçoit le point présenté en appuyant sur un bouton, sans les chercher du regard. L’apparition d’un point peut être accompagné ou non d’un bruit de l’appareil.
Pour chaque point, on teste la limite entre visible et invisible. C’est la raison pour laquelle certains points sont difficiles à distinguer. Il est ainsi possible d’établir un seuil de sensibilité. On dit qu’il existe un scotome, si le patient n’a pas vu des points qui seraient normalement vus, à cet endroit donné.
Pendant la réalisation du champ visuel, il est possible de cligner occasionnellement, le point non vu pendant la brève fermeture des yeux est le plus souvent retesté. En cas de réponse incohérente, les points seront aussi présentés à nouveau, au cours du même examen. En cas de fatigue ou de gêne, pour arrêter l’appareil, il faut garder le bouton appuyé. Il est toujours possible de demander à l'opérateur de faire une pause.